J’ai recopié ce texte dans mon carnet (quel étrange et merveilleux plaisir parfois que de recopier un beau texte) C’est une tirade du Sphinx dans la Machine infernale de Jean Cocteau, je l’avais souvent répété dans mon cours d’art dramatique.
(Eva Green, novembre 2019)
Le Sphinx :
Inutile de fermer les yeux, de détourner la tête. Car ce n’est ni par le chant, ni par le regard que j’opère. Mais, plus adroit qu’un aveugle, plus rapide que le filet des gladiateurs, plus subtil que la foudre, plus raide qu’un cocher, plus lourd qu’une vache, plus sage qu’un élève tirant la langue sur des chiffres, plus gréé, plus voilé, plus ancré, plus bercé qu’un navire, plus incorruptible qu’un juge, plus vorace que les insectes, plus sanguinaire que les oiseaux, plus nocturne qu’un œuf, plus ingénieux que les bourreaux d’Asie, plus fourbe que le cœur, plus désinvolte qu’une main qui triche, plus fatal que les astres, plus attentif que le serpent qui humecte sa proie de salive ; je sécrète, je tire de moi, je lâche, je dévide, je déroule, j’enroule de telle sorte qu’il me suffira de vouloir ces nœuds pour les faire et d’y penser pour les tendre ou pour les détendre ; si mince qu’il t’échappe, si souple que tu t’imagineras être victime de quelque poison, si dur qu’une maladresse de ma part t’amputerait, si tendu qu’un archet obtiendrait entre nous une plainte céleste ; bouclé comme la mer, la colonne, la rose, musclé comme la pieuvre, machiné comme les décors du rêve, invisible surtout, invisible et majestueux comme la circulation du sang des statues, un fil qui te ligote avec la volubilité des arabesques folles du miel qui tombe sur du miel.
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Sublime…
C’est hypnotique, c’est immergé, c’est en train de transformer; métaphorique, c’est beau. C’est.
#EvaGreen inspiration, unique, she is Art
Sans doute, sans le moindre doute ou mieux encore sans aucun doute.
Comment dès lors continuer de croire et de chercher non pas le plus simple, le plus connus, le plus évident, le plus vus, le plus entendus offrant pas même l’ombre du plis d’un moindre doute !
Car le conserver, c’est à mon évidence se protéger des certitudes et des vérités absolues nuisance de l’Humanité depuis toujours et l’enfermer avec souveraineté dans des dogmes de mots et de leurs idées pleines de secrets bien gardés prêtes à sacrifier des éternités !
Alors, évidemment, je suis l’un de ceux qui doute, l’un de ceux qui se questionne et cherche encore pour en apprendre et en découvrir d’avantage un peu plus chaque jour, chaque heure, chaque minute dont je m’inspire pour faire encore un pas.
Doute à l’égard de la parole, doute à l’égard des écrits, doute de ceux qui affirment et se disent sachant et détenteurs de la parole, fusse t’elle même Divine.
Alors, habité depuis toujours par ces doutes ils accompagnent mes questions tout le long. Le doute, nourrissant ce besoin de découvrir encore et toujours, tel un regard nus et vierge de toutes ces idées reçues et inculquées pour découvrir autre chose qu’un pays des promesses fusse t’elle d’un Paradis.
Rester, ici et maintenant encore étonné et surpris par beaucoup dans les signes du rien du tout, des pas grand-choses, des souffles du vent et de leurs nombreux inconnus, sous-entendre pour peut-être commencer à comprendre…
Bonjour Mademoiselle Green avec toute ma gratitude pour votre savoir être dans le partage de vos voix et de votre très belle sensibilité avec le plus grand nombre, des plus petits aux plus grands, parcours presque à l’identique que celui de votre charmante Maman…Merci à vous deux !