« Là où le silence se fait, l’arrogance se tait. Le silence est fait de paroles que l’on n’a pas dites. »
Jean Cocteau.
« Là où le silence se fait, l’arrogance se tait. Le silence est fait de paroles que l’on n’a pas dites. »
Jean Cocteau.
EVENEMENT : L’ADAPTATION MUSICALE DU BEL INDIFFÉRENT DE JEAN COCTEAU DU 14 AU 17 DÉCEMBRE 2021.
En 2021 Virévolte se lance dans un projet en tout point inédit : l’adaptation musicale du Bel Indifférent de Jean Cocteau.
Cette pièce écrite en 1940 pour Edith Piaf n’a jamais été mise en musique (contrairement à la célèbre Voix Humaine) et, pour la première fois, le comité Cocteau a autorisé le compositeur Jean-Marie Machado et la chanteuse Aurore Bucher à s’emparer de ce texte pour en donner une lecture originale et innovante. Tout en restant dans un traitement lyrique et acoustique de la voix, leur approche se veut multiple et festive, au croisement des genres musicaux et des esthétiques.
Inventive et gourmande, la musique de Jean-Marie Machado s’empare des mots de Cocteau et transforme cette histoire de chambre d’hôtel et d’amant mutique en une suite de numéros de music-hall. La femme éplorée devient conteuse, visionnaire, hypnotiseuse. Tour à tour Shéhérazade ou Tirésias, elle déploie avec énergie toutes les ressources de son art de show-woman. Mais, au fil d’un tour de chant de plus en plus onirique, les machinations obscures de son destin se manifestent : les figures de l’addiction et du rêve éveillé semblent remonter à la surface, le cabaret dérive vers la cérémonie nocturne.
Les Editions Seghers ont l’excellente idée de rééditer Dentelle d’Eternité, le poème-objet que Jean Cocteau proposa à son ami Pierre Seghers en 1953. Dès le 25 novembre, vous le trouverez dans toutes les librairies.
Le Prince des poètes signe ici un texte lyrique quoique léger sur Eros et Thanatos. Il conçoit son objet comme une dentelle de papier : ses vers libres côtoient deux colonnes ajourées qui, tels les vitraux des chapelles, laissent apparaître un fond bleu profond et lumineux. Tiré à l’époque à cent dix exemplaires, dont cent sur vélin d’Arches, et découpé à la main par l’artisan Albert Jon, ce poème-objet n’a plus jamais été réédité.
Une œuvre oubliée, un Cocteau méconnu.
Près de soixante-dix ans après sa parution, Dentelle d’éternité présente des lignes pures et graphiques, élégantes et modernes. Il révèle un Cocteau méconnu et féru d’arts décoratifs. Cette nouvelle édition, revisitée sous forme de triptyque, est personnalisable comme cadeau, afin que s’enlacent pour toujours les noms des « beaux amoureux indiscrets ».
En 1889, la France s’est industrialisée. On construit des bâtiments en verre et en acier, les machines à vapeur circulent sur terre ou sur mer, l’électricité fait son apparition. L’exposition universelle, qui se déroule à Paris, permet aux visiteurs d’approcher la « modernité ». Fleuron de la manifestation, la Tour Eiffel, haute de 328 mètres, attire deux millions et demi de visiteurs. Son inauguration, le 31 mars, précède de trois mois la naissance du petit Jean Cocteau qui deviendra le plus parisien des parisiens et lui rendra hommage avec son ballet « Les Mariés de La Tour Eiffel » (1921). Cette semaine sort dans les salles de cinéma le film de Martin Bourboulon consacré à Gustave Eiffel et à la réalisation d’un monument connu dans le monde entier. L’occasion d’évoquer le lien puissant qui unissait le poète et la capitale.
SOHO HOUSE 45 rue la Bruyère
La demeure parisienne où a grandi Jean Cocteau est devenue un prestigieux hôtel. SOHO HOUSE devrait ouvrir ses portes au mois de septembre.
Doté de trente-cinq chambres, d’un patio intérieur surplombé d’une terrasse avec piscine, d’une salle de sport, d’un sauna et d’un hammam, ainsi que d’un bar et d’un restaurant SOHO HOUSE accueillera les membres de son club très privé et leurs invités. Certains auront peut-être envie de découvrir ce que son ancien et illustre occupant a vécu en ces lieux…
Au cœur du 9e arrondissement, non loin de l’église de la Trinité, Louis-Eugène et Emilie Lecomte partagent leur hôtel particulier avec leur fille Eugénie, leur gendre Georges Cocteau, ainsi que leurs trois petits-enfants Marthe, Paul et Jean. Collectionneur, Louis-Eugène possède des œuvres d’Ingres, de Delacroix, de Devéria et de Ziem. Ainsi que des terres cuites grecques qui auront une forte influence sur les créations de Jean. En attendant, il assiste aux préparatifs de sa mère avant qu’elle ne se rende à la Comédie-Française ou à l’Opéra. Admiratif et silencieux, il suit ses gestes tandis qu’elle revêt une robe cramoisie de chez Raudnitz. Puis « Maman se penchait, m’embrassait vite et partait vers l’océan de rumeurs, de bijoux, de plumes, de crânes, où elle irait se jeter comme un fleuve rouge… » (Portraits-souvenir). À partir de ces instants, il contracte « le mal rouge et or » qui le poussera à occuper les scènes théâtrales et à captiver le public avec ses propres spectacles. En attendant, il imagine des saynettes et, avec sa gouvernante, découpe des décors dans des cartonnages « On clouait, on collait, on découpait, on peignait, on inventait des systèmes de rampes à bougies et de trous de souffleur qui se rabattent. » À ces occupations s’ajoute la lecture. «Lorsque j’étais enfant, je lisais à plat ventre dans une maison qui me trouvait paresseux. Mais, à plat ventre et le nez sur un livre, l’enfant fait de grands voyages et des découvertes dont sa famille ne se doute pas.» Dans une autre confession, il déclare que Selma Lagerlöf a été son éducatrice et son livre, La légende de Gösta Berling, sa vraie famille… Il quittera la maison familiale après le décès de son grand-père en 1906. A la fin de son adolescence. Dans Opium, il se remémorera la rue La Bruyère: «J’obtins la musique du souvenir et je retrouvai tout : ma pèlerine, le cuir de ma serviette, le nom du camarade qui m’accompagnait et de nos maîtres, certaines phrases exactes que j’avais dites, la couverture marbrée de mon carnet de notes, le timbre de voix de mon grand- père, l’odeur de sa barbe, les étoffes des robes de ma sœur et de maman qui recevaient le mardi »…
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Photos : SOHO HOUSE
Comme de nombreux parisiens, Jean Cocteau a découvert Josephine Baker sur
la scène du Théâtre des Champs Elysées en 1925. Conquis par sa beauté, sa
modernité, sa grâce et son talent, il l’a rapidement côtoyée dans les cafés de
Montparnasse et au Boeuf sur le Toit. Lorsqu’elle a enregitré un disque
« Josephine chante Paris », il a écrit au dos de la pochette :
« La bonté n’est plus de mode ; elle passe pour de la faiblesse. Or j’admire cette
force du coeur, avant tout autre. La bonté de JOSEPHINE rayonne, blanche,
autour d’elle ; aussi visible que les plumages multicolores qui l’ornent et
semblent appartenir à son corps d’animal fabuleux. Une panthère, un oiseau-lyre
et la grâce d’un ange : voilà bien des titres à l’affectueuse gratitude d’une France
fière de son antiracisme. »
Dessins : Josephine Baker par Jean Cocteau.
CHANEL DÉFILÉ CROISIÈRE 2021/22
CARRIÈRES DE LUMIÈRES
LES BAUX DE PROVENCE
LE FILM DU DÉFILÉ SERA RÉVÉLÉ MARDI 4 MAI 2021, À PARTIR DE 18, HEURE DE PARIS.
Dans une nature sauvage, juste sous l’oeil du soleil luisant dans le bleu du ciel, un lieu d’ombre et de lumière. Est-ce un château souterrain, une cathédrale profonde sculptée par des géants, un tombeau féerique où les rêves prennent vie ?
C’est en tout cas un lieu pour les poètes. L’un d’entre eux y descendit, un jour. Il en fut subjugué. Ces antiques carrières dormaient. Il les éveilla. Projetant sur leur parois de pierre, lisses, blanches, et blondes, ses visions fantastiques. Des hommes à tête de cheval, une fleur offerte à une déesse, une photo qui se reconstitue dans les flammes, une sphinge aux ailes déployées et à la poitrine nue.
Le Poète s’appelait Jean Cocteau.
Ses visions, « Le Testament d’Orphée »
Film de la poésie totale, celle qui s’écrit non à l’encre, mais à la lumière, et que vient revisiter aujourd’hui, l’esprit de Gabrielle Chanel.
Comme pour poursuivre encore leur intense amitié. Deux esprits libres à l’allure folle, fous de lignes, l’une ciselant le rythme des étoffes, l’autre le plissé des phrases.
Deux âmes soeurs qui se trouvèrent sans se chercher, aimantées l’une à l’autre par l’amour du style et de la passion des bestiaires. Griffons et centaures pour lui, lions, aigles bicéphales et cervidés pour elle, filant sur la laque de ses paravents de Coromandel et sur l’eau magique de ses miroirs rue Cambon. « Les miroirs feraient bien de réfléchir » disait-il, malicieux.
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Elle habillait ses personnages. Il couvrait de mots sa mode, « ce prétexte à désobéir ».
De Cocteau à Coco, il n’y en avait en effet que quelques lettres. Ils se les écrivirent. « De coeur à coeur. »
Quelques lettres, et une étoile.
Celle dont Jean signait ses admirables missives à sa « Chère Coco. »
Celle que Mademoiselle lui offrit en retour pour son épée d’Immortel, au centre d’une lyre, « petite étoile-absinthe tombée de notre ciel amical », lui écrivait-il.
Cette étoile était une émeraude, et elle nous regardait.
Dans « Le Testament d’Orphée », il est beaucoup question d’oeil, de savoir regarder. De toute son âme. Pour Cocteau, seul l’invisible peut se voir vraiment.
Maintenant fermez les yeux, puis ouvrez-les en grand. Afin de pouvoir enfin, comme disait Cocteau dans « Le Testament d’Orphée », « rêver ensemble le même rêve »
En ce lieu d’ombre et de lumière.
Photographes : Inez & Vinoodh.
Copyright : Chanel/ Comité Jean Cocteau
www.chanel.com
Jean Cocteau voulait qu’elle ait un visage très lisse avec une poudre blanche pour son rôle de la Princesse dans « Orphée ». Cette femme au physique extraordinaire, à la beauté ravageuse, à la silhouette inouïe, était incroyablement énigmatique. Cocteau racontait qu’il ne lui a pas toujours dit ce qu’elle incarnait pour qu’elle l’apprenne peu à peu. Elle ne pouvait pas être mieux choisie pour ce rôle. Personne n’aurait pu mieux incarner la princesse. Ils avaient cette liberté absolue de faire ce qu’ils voulaient comme ils voulaient. Maria Casarès comprenait son âme poétique.
Dominique Marny interview pour France Culture : une vie, une oeuvre. 9-02-2019
Photo 1 & 3 : Maria Casarès dans le film Orphée.
Photo 2 : Maria Casarès et Jean Marais dans le film Orphée
Dans son superbe blog consacré à la joaillerie : the french jewelry post, Sandrine Merle évoque la collaboration Jean Cocteau x Atelier Paulin.
Vous trouverez son interview de Dominique Marny, Présidente du Comité Jean Cocteau, et quelque modèles de la collection…
Jean Cocteau x Atelier Paulin
La collaboration d’Atelier Paulin avec le Comité Jean Cocteau se matérialise par une première collection de bijoux en série limitée évoquant l’œuvre de cet artiste pluridisciplinaire, l’un des plus influents du XXe siècle. Rencontre avec Dominique Marny, la présidente du Comité.
Propos recueillis par Sandrine Merle.
Sandrine Merle. Vous êtes la seule descendante directe de Jean Cocteau.
Dominique Marny. Je suis la petite-fille de son frère Paul et j’ai succédé à Pierre Bergé au Comité chargé de veiller à l’image, aux droits et à la promotion de l’œuvre de Cocteau. Aujourd’hui, on oublie très vite une œuvre, on a donc plus que jamais un devoir de mémoire : non seulement elle doit perdurer mais elle ne doit pas être ternie par de mauvaises interprétations. À chaque action, nous nous posons la question : « aurait-il aimé ? ».
S.M. Comment cette collaboration est-elle née ?
Dominique Marny. Grâce à ma fille qui a immédiatement vu la parfaite cohérence entre le fil, l’écriture, le dessin et l’œuvre de Cocteau. Au Comité, je me suis entourée de jeunes gens car il est important d’actualiser cette oeuvre en s’émancipant des anciens codes. La jeunesse et l’audace étaient très importantes pour lui. Il faut aussi un autre langage pour interpeller les 20-30 ans qui ignorent souvent tout de cet artiste surréaliste, écrivain, poète, philosophe, cinéaste, peintre. Au mieux, ils ont entendu parler de La Belle et la Bête (1946)…
S.M. Sur le sautoir, la phrase « j’ai ta voix autour de mon cou » extraite d’un des plus célèbres monologues du théâtre français semble avoir été écrite par Jean Cocteau lui-même !
Dominique Marny. Anne-Sophie Baillet a réussi une prouesse, reproduire son écriture qui a évolué tout au long de sa vie : en 1962, il n’écrivait pas comme en 1935. Sur un bracelet, cette écriture met en avant son précepte favori : « à l’impossible je suis tenu ».
S.M. Quelles sont les références évoquées dans cette première collection ?
Dominique Marny. Très riche, elle croise des œuvres, des thèmes chers et des motifs récurrents comme Le Testament d’Orphée (1060), l’invisibilité, la traversée du miroir, La Voix Humaine (1959), le double, l’ange Heurtebise, le serpent. On retrouve aussi l’étoile (version d’avant 1945) qui accompagne sa signature.
S.M. Cocteau est très lié au bijou : il a rendu célèbre la bague Trinity de Cartier en l’offrant à Radiguet et il a aussi inspiré une collection au créateur Jean Vendome.
Dominique Marny. Il portait un certain intérêt au bijou comme à tout objet. Il a commencé par travailler avec Madeleine Vionnet puis avec Elsa Schiaparelli et surtout avec François Hugo. Dans son entourage évoluait Jeanne Toussaint (dont le mari a fait la guerre avec Paul Cocteau), une très grande amie de ma grand-mère qui travaillait chez Cartier. Je me souviens très bien de cette femme extraordinaire, austère, en robe noir avec une sous-ventrière en diamants. Elle a énormément compté dans ma vie.
S.M. Avez-vous des pièces favorites ?
Dominique Marny. Chaque bijou me rappelle quelque chose… J’ai cependant un faible pour la dormeuse « Profil » et le bracelet « A l’impossible je suis tenu. » Et je suis impatiente de découvrir les nombreux modèles qui vont ponctuer ces 5 années de collaboration.
https://www.thefrenchjewelrypost.com/business/jean-cocteau-bijou-atelier-paulin/