C’est au Moulin de Touvoie que Jean Cocteau a commencé le tournage de « La Belle et la Bête », le 25 août 1945. Dans le parc de ce manoir du XV siècle, en bord de ruisseau, il a situé les scènes de vie du marchand et de ses filles dont Belle. Depuis, rien n’a changé et il n’est pas difficile de situer la scène des draps qui sèchent au soleil ou celle des chaises à porteurs qu’utilisent les deux « méchantes » soeurs jouées par Mila Parely et Nane Germon. Entre les prises, Josette Day (Belle) et Jean Marais (qui incarnait La Bête, mais aussi Avenant) jouaient aux cartes ou au portrait. En cette fin d’été, le climat tourangeau se montrait capricieux. Entre les passages de nuages et le bruit des avions qui décollaient d’un aérodrome voisin, chaque membre de l’équipe devait se tenir prêt à tourner dès que la lumière devenait bonne. Jean Cocteau a raconté ces péripéties dans « La Belle et le Bête, Journal d’un film ».
Alors que le tournage de La Belle et la Bête se termine, on avertit Cocteau et Jean Marais qu’une propriété du XVIIe siècle est à vendre dans une bourgade proche de Fontainebleau : Milly-la-Forêt. Entourée de douves, encadrée de tourelles, la Maison du Bailli semble surgir d’un conte de Perrault. Dès la première visite, les deux hommes sont conquis par le verger, le petit pont couvert de végétaux, la proximité de la forêt. En 1947, après avoir signé l’acte d’achat, les nouveaux propriétaires se partagent les lieux : rez-de-chaussée commun; premier étage pour le poète; grande pièce sous les toits pour le comédien.
Après avoir enjambé les marches d’un perron encadré par deux sphinges, les visiteurs pénètrent dans le vestibule. Dans le salon, un tableau de Christian Bérard représentant la rencontre d’Œdipe et du Sphinx surplombe un canapé victorien. Sur un tapis de la Savonnerie sont dispersés des animaux en bois, en bronze ou en papier mâché : biches, licorne, coq, flamants roses. Dans son bureau, Cocteau a rassemblé souvenirs, cadeaux, tableaux et livres. Des dessins et des photographies sont punaisés sur le mur, au-dessus de sa table de travail. Dans la chambre adjacente, un lit à baldaquin fait face à une fenêtre qui ouvre sur le Château de la Bonde. Un couple de gardiens veille sur le jardin, la cuisine, les chats et les chiens. Ainsi que sur le potager et les plantations. Cocteau réside dans cette maison jusqu’à son décès, le 11 octobre 1963.
Restaurée grâce à Pierre Bergé, la demeure est ouverte au public depuis 2010. Le 30 juin prochain, elle entrera dans sa période estivale et, accueillera, les samedis et dimanches, visiteurs ou promeneurs.
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