Calligraphe à sa façon, il exécutait ses dessins au stylo bille. « Les poètes ne dessinent pas, disait-il, mais dénouent l’écriture pour la renouer autrement.
Dessin de Jean Cocteau dessiné au stylo bille
Calligraphe à sa façon, il exécutait ses dessins au stylo bille. « Les poètes ne dessinent pas, disait-il, mais dénouent l’écriture pour la renouer autrement.
Dessin de Jean Cocteau dessiné au stylo bille
La poésie est une solitude… et nous sommes des moines qui échangent des silences. Jean Cocteau
Photo : Chapelle Jean Cocteau Villefranche sur Mer
Les origines de la bague Trinity Cartier remontent à 1924, quand le poète Jean Cocteau, après avoir imaginé les formes « saturniennes », demande à son ami Louis Cartier de la réaliser. Avec ses trois anneaux entrelacés, elle évoque les volutes de l’Art Déco et représente trois bagues à jamais liées par un jeu d’entrelacement.
Cette bague unique en son genre connait un succès immédiat. Jean Cocteau en porte deux à l’auriculaire.
Hors la référence à la Trinité chrétienne, les trois ors de la Trinity (jaune, rouge ,blanc) sont associés aux sentiments d’amitié, d’amour et de fidélité. Portée indifféremment par les hommes comme les femmes, et aujourd’hui composée d’or jaune, rose et gris, la Trinity se transmet de génération en génération. Elle est très souvent utilisée comme alliance.
Jean Cocteau immense artiste, parle de son métier « d’artiste-poète » :
On fouille la nuit. Il y en chaque homme une nuit qu’il connaît très mal. Pour moi, un poète, c’est un homme qui est au service de forces qu’il connaît très mal. Nous sommes la main-d’œuvre d’un « moi » que nous connaissons très mal, qui n’a rien à voir avec notre « moi » de surface, et surtout rien à voir avec le « moi » de légende qu’on nous invente.
La vie d’un poète n’est pas drôle. Les Muses sont des dames terribles, des mantes religieuses qui vous mangent pendant l’accouplement, pendant l’amour.
Beaucoup d’écrivains s’imaginent, quand je parle humblement de cet état modeste du poète qui n’est que la main-d’œuvre de forces profondes qu’il ne connaît pas, que je parle de l’inspiration, alors que c’est une expiration : ils s’imaginent qu’on reçoit quelque chose d’un ciel, alors que cela vient de nos ténèbres profondes, de la nuit du corps humain. Ce n’est pas une inspiration mais une expiration, quelque chose qui sort de nous.
Photo : Jean Cocteau dans son appartement par Willy Maywald
Une élection étonnante pour celui qui revendiquait depuis toujours son indépendance d’esprit. Reçu à l’Académie, le 20 octobre 1955, dans un discours, il dressait son propre portrait avec humour : « Qui donc avez-vous laissé s’asseoir à votre table ? Un homme sans cadre, sans papiers, sans halte. C’est-à-dire qu’à un apatride vous procurez des papiers d’identité, à un vagabond une halte, à un fantôme un contour, à un inculte le paravent du dictionnaire, un fauteuil à une fatigue, à une main que tout désarme, une épée. »
(Texte de Jean Cocteau recopié dans Le Passé Défini, dessin de Picasso). Copyright Boutique Jean Cocteau.
« Je suis anticonformiste au point d’être contre le conformisme anti-académique »
« Le lendemain du tournage, on reste sous l’impression du spectacle, on ne remarque rien d’autre que les fautes, on s’hypnotise sur des détails absurdes. L’admirable du cinéma, c’est ce tour de cartes perpétuel qu’on exécute devant le public et dont il ne doit pas connaître le mécanisme. La nature nous a donné des nerfs pour souffrir et prévenir, une intelligence pour savoir souffrir et nous mettre en garde. La lutte contre la souffrance m’intéresse au même titre que le travail du film. (Jean Cocteau Chronique de neuf mois de tournage (1945-1946), d’une amitié avec Jean Marais, La Belle et la Bête est surtout la confession d’une intériorité, le témoignage émouvant du combat que mènent le poète et son œuvre contre l’ange de la maladie. »
« Il faut bien comprendre que l’art, je le répète, n’existe pas en tant qu’art, en tant que détaché, libre, débarrassé du créateur, mais qu’il n’existe que s’il prolonge un cri, un rire ou une plainte. »Jean Cocteau
« Jean Cocteau »
Alors que certains poètes courent après les muses et, du fait même de leur acharnement ne les rattrapent jamais, ce sont elles qui poursuivent Jean Cocteau. Chaque fois qu’elles le saisissent il se sauve et cette fuite nous vaut un nouvel ouvrage.
Sans doute y a-t-il plus de fontaines de Jouvence que nous ne supposons, mais les sourciers sont rares. Il suffit à Jean Cocteau de prendre son porte-plume comme une baguette magique pour qu’il jaillisse une eau fraîche dans laquelle se trempent les objets, les sentiments les plus vieux. Ils sortent de ce bain métamorphosés, redevenus tout jeunes.
Nombre de poètes actuels croient faire preuve de nouveauté en chantant crûment (c’est-à-dire sans art) la vie moderne; seul Jean Cocteau possède le secret de douer les choses récentes d’un caractère antique, mythologique. Ainsi leur donne-t-il la fraîcheur.
A propos du Cap de Bonne-Espérance, dont M. Roger Gaillard doit vous lire un passage et pour lequel Cocteau s’invente une forme spéciale, il serait vain de citer Chénier: « Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques », reflet infidèle de la pensée de Ronsard que Cocteau, sans même s’en douter, ne perd jamais de vue.
En effet l’ancêtre du Cap de Bonne-Espérance n’est-il pas La Franciade de Pierre de Ronsard dont le rythme appartenait à lui seul ?
La pièce que vous lira M. René Rocher est extraite du prochain livre de Jean Cocteau: Vocabulaire. Dans ce livre, le loup de couleur joyeuse cachant à moitié, orgueilleusement, une tristesse incurable, n’est-il pas celui qui masquait toujours l’amant de Marie et d’Hélène ?
« La Mort ou l’Endroit et l’Envers » est une pièce à propos de laquelle il faudrait évoquer Malherbe et Baudelaire. A ceux qui confondent la sensiblerie et la sensibilité, sans doute ces strophes sembleront froides. Mais il est juste que bien des fidèles du sensible Malherbe ne savent reconnaître en lui qu’un merveilleux versificateur.
Ajoutons enfin que mêlé à toutes les écoles vivantes de notre époque, Jean Cocteau a toujours voulu rester libre. C’est ce qui vaut la place hors ligne qu’il occupe dans la poésie moderne.
Raymond Radiguet
Photo : Raymond Radiguet par Man Ray.