SOHO HOUSE 45 rue la Bruyère

 

     La demeure parisienne où a grandi Jean Cocteau est devenue un prestigieux hôtel. SOHO HOUSE devrait ouvrir ses portes au mois de septembre.

 

Doté de trente-cinq chambres, d’un patio intérieur surplombé d’une terrasse avec piscine, d’une salle de sport, d’un sauna et d’un hammam, ainsi que d’un bar et d’un restaurant SOHO HOUSE accueillera les membres de son club très privé et leurs invités. Certains auront peut-être envie de découvrir ce que son ancien et illustre occupant a vécu en ces lieux…

Au cœur du 9e arrondissement, non loin de l’église de la Trinité, Louis-Eugène et Emilie Lecomte partagent leur hôtel particulier avec leur fille Eugénie, leur gendre Georges Cocteau, ainsi que leurs trois petits-enfants Marthe, Paul et Jean. Collectionneur, Louis-Eugène possède des œuvres d’Ingres, de Delacroix, de Devéria et de Ziem. Ainsi que des terres cuites grecques qui auront une forte influence sur les créations de Jean. En attendant, il assiste aux préparatifs de sa mère avant qu’elle ne se rende à la Comédie-Française ou à l’Opéra. Admiratif et silencieux, il suit ses gestes tandis qu’elle revêt une robe cramoisie de chez Raudnitz. Puis « Maman se penchait, m’embrassait vite et partait vers l’océan de rumeurs, de bijoux, de plumes, de crânes, où elle irait se jeter comme un fleuve rouge… » (Portraits-souvenir). À partir de ces instants, il contracte « le mal rouge et or » qui le poussera à occuper les scènes théâtrales et à captiver le public avec ses propres spectacles. En attendant, il imagine des saynettes et, avec sa gouvernante, découpe des décors dans des cartonnages « On clouait, on collait, on découpait, on peignait, on inventait des systèmes de rampes à bougies et de trous de souffleur qui se rabattent. » À ces occupations s’ajoute la lecture. «Lorsque j’étais enfant, je lisais à plat ventre dans une maison qui me trouvait paresseux. Mais, à plat ventre et le nez sur un livre, l’enfant fait de grands voyages et des découvertes dont sa famille ne se doute pas.» Dans une autre confession, il déclare que Selma Lagerlöf a été son éducatrice et son livre, La légende de Gösta Berling, sa vraie famille… Il quittera la maison familiale après le décès de son grand-père en 1906. A la fin de son adolescence. Dans Opium, il se remémorera la rue La Bruyère: «J’obtins la musique du souvenir et je retrouvai tout : ma pèlerine, le cuir de ma serviette, le nom du camarade qui m’accompagnait et de nos maîtres, certaines phrases exactes que j’avais dites, la couverture marbrée de mon carnet de notes, le timbre de voix de mon grand- père, l’odeur de sa barbe, les étoffes des robes de ma sœur et de maman qui recevaient le mardi »…

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Photos : SOHO HOUSE