J’ai trouvé cette lettre bouleversante et d’une rare sincérité. Elle révèle l’amitié qui liait la chanteuse et le poète…
Edith Piaf, Riviera night-club, Miami Beach, Florida, USA
Le 28 Février 1953
Mon Jean Chéri,
Quelle joie de lire et relire ta lettre, je sais combien sont nombreux ceux qui t’aiment mais si tu pouvais savoir à quel point moi je t’aime malgré les rares moments où nous nous voyons, c’est très drôle l’impression que j’ai à chaque fois que je te vois, j’ai envie de te protéger contre toute la méchanceté du monde et je m’aperçois à chaque fois que c’est toi qui remontes et me redonnes du courage pour affronter justement ce monde si dur ! Ne trouves-tu pas que c’est merveilleux d’aimer quelqu’un sans avoir besoin de lui, de l’aimer seulement pour lui, parce que l’on sait que cet être est magnifique, eh bien je t’aime comme ça, quand j’entends ton nom, ou que je le lis quelque part je reçois toujours un choc au coeur !
Jean Cocteau (6 mars 1953 Le passé défini vol.2 ).
Photo 1 : Jean Cocteau et Edith Piaf pendant les répétitions du Bel Indifférent, en avril 1940 au Théâtre des Bouffes Parisiens.
Photo 2 : Jean Cocteau, Edith Piaf et Christian Bérard.
Photo 3 : Jean Cocteau, dessin : silhouette d’Edith Piaf dans le Bel Indifférent.
très belle lettre. Et le dessin la représente si bien.
Merci pour votre commentaire.
J’ai toujours aimé traîné les pieds, y compris dans les musées. Sans doute, pour m’y laissé le plus souvent enfermé. Dans les silences de leurs larges couloirs, dans les alcôves parfumés, dans les velours trop vieux et trop abîmés désormais pour être simplement nettoyés.
Patient, j’attends sans doute, le moment le plus discret et le plus secret, où les âmes des souvenirs présent s’effacent. Ils cèdent alors la place au bien vivant d’œuvres trop enorgueillies dans leurs cadres dorés, trop parfait pour pouvoir contenir les éclats parfois Divins d’un Artiste, pas plus, pas moins !
Sortant à tout prix, de ces enfermements trop brillants ou trop abstraits pour être juste bien vus de loin et parfois même de bien trop loin…
Ils semblent éteints, mais se mettent pourtant à bouger dans les silences radieux et nocturnes qui leurs convient tout à fait !
Être silencieux et discrets devait être leurs derniers vœux…
Un à un, dans les secret de leurs mouvements incertains au début, et puis petit à petit s’habituant à votre présence et à vos souffles de vies, dont certains de leurs souvenirs parfois ténébreux en avait depuis longtemps oublié les véritables chaleurs chargées d’envies…
Alors, il vous suffit, de trouver une chaise, un fauteuil, un divan au mieux et puis sortir avec délicatesse, votre papier et votre crayon gras, si nécessaire.
Attendre encore un peu, installé au mieux pour patienter, n’ayez aucune économie sur votre respiration, faite la bien bruyante qu’on puisse l’entendre de loin… Alors, si une fois encore vous avez conservé votre attention à l’égard des passés encore et toujours présents pour participer à l’écriture de votre futur.
Vous pourrez j’en suis certain, prendre des notes et faire quelques croquis, sur ce que ces âmes un peu perdues parfois c’est vrai, vous aurons soufflé dans le creux de vos doigts ou pourquoi pas dans la prunelle de vos yeux si bleus…
Mes salutations et tous mes vœux à la rédaction pour votre si belle création.