Le verbe aimer est difficile à conjuguer : son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif, et son futur est toujours conditionnel.
Jean Cocteau
Le verbe aimer est difficile à conjuguer : son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif, et son futur est toujours conditionnel.
Jean Cocteau
« Le lendemain du tournage, on reste sous l’impression du spectacle, on ne remarque rien d’autre que les fautes, on s’hypnotise sur des détails absurdes. L’admirable du cinéma, c’est ce tour de cartes perpétuel qu’on exécute devant le public et dont il ne doit pas connaître le mécanisme. La nature nous a donné des nerfs pour souffrir et prévenir, une intelligence pour savoir souffrir et nous mettre en garde. La lutte contre la souffrance m’intéresse au même titre que le travail du film. (Jean Cocteau Chronique de neuf mois de tournage (1945-1946), d’une amitié avec Jean Marais, La Belle et la Bête est surtout la confession d’une intériorité, le témoignage émouvant du combat que mènent le poète et son œuvre contre l’ange de la maladie. »
Je vous souhaite une Belle Année…
C’est au Moulin de Touvoie que Jean Cocteau a commencé le tournage de « La Belle et la Bête », le 25 août 1945. Dans le parc de ce manoir du XV siècle, en bord de ruisseau, il a situé les scènes de vie du marchand et de ses filles dont Belle. Depuis, rien n’a changé et il n’est pas difficile de situer la scène des draps qui sèchent au soleil ou celle des chaises à porteurs qu’utilisent les deux « méchantes » soeurs jouées par Mila Parely et Nane Germon. Entre les prises, Josette Day (Belle) et Jean Marais (qui incarnait La Bête, mais aussi Avenant) jouaient aux cartes ou au portrait. En cette fin d’été, le climat tourangeau se montrait capricieux. Entre les passages de nuages et le bruit des avions qui décollaient d’un aérodrome voisin, chaque membre de l’équipe devait se tenir prêt à tourner dès que la lumière devenait bonne. Jean Cocteau a raconté ces péripéties dans « La Belle et le Bête, Journal d’un film ».
Comme beaucoup de gens, j’ai découvert Jean Cocteau en regardant La Belle et la Bête. J’étais adolescente et ce film fut une révélation. Moi qui n’étais pas habituée au « noir et blanc », j’ai été éblouie par la somptuosité des images, des décors et des costumes. Il a fallu un peu de temps pour que je m’intéresse à son oeuvre.J’ai regardé d’autres films dont Orphée. Je me suis rendue à plusieurs expositions où j’ai admiré ses dessins et la précision du trait. Puis je me suis intéressée à sa vie. J’ai lu Portraits-Souvenir, La Difficulté d’Etre. Et enfin j’ai visité sa maison de Milly la Forêt où sont rassemblés les souvenirs qui ont jalonné son existence. J’ai appris qu’il s’était lié d’amitié avec la plupart des artistes qui avaient compté durant la première moitié du XXe siècle, qu’il avait lui-même été l’un des premiers à se tourner vers la modernité. Grâce à ce blog, j’aimerais partager avec vous mon admiration pour le poète qui s’est affranchi des miroirs, a bousculé les codes de son époque pour rester avec nous. Par le biais de citations, dessins, photographies, interviews, mais aussi d’une abondante actualité, je vous donnerai des rendez-vous réguliers avec celui qui répétait : « Je suis un inconnu célèbre ».