Dans ce court film de 1959, Cocteau explique que sa méthode de dessin ressemble beaucoup à l’improvisation en jazz.
« Quand je dessine j’écris et peut-être que quand j’écris je dessine. »
Jean Cocteau
Dans ce court film de 1959, Cocteau explique que sa méthode de dessin ressemble beaucoup à l’improvisation en jazz.
« Quand je dessine j’écris et peut-être que quand j’écris je dessine. »
Jean Cocteau
Contre le doute hélas je n’ai pas de refuge
En quelles mains me suis-je mis ?
Et comment me juger car lorsque je me juge
J’ai les yeux de mes ennemis.
Que j’aimerais m’aimer et me laurer de gloire.
Attendre le succès final.
Mais contre moi si loin que cherche ma mémoire
Se retourne mon tribunal.
L’avocat me suspecte et le jury m’accuse
Tous les témoins me donnent tort
Et je dois écouter sans me trouver d’excuse
Ma condamnation à mort.
Jean Cocteau.
En 1909, la troupe des Ballets Russes débarque en France avec de nouvelles créations : Cléopâtre, Le Festin nu et Le Pavillon d’Armide. « Ils ont tout à coup enchanté Paris comme un feu d’artifice », racontera Jean Cocteau. Sous l’égide de leur redoutable et génial mentor Serge de Diaghilev, les danseurs offrent sur la scène du Châtelet une féerie, une originalité qui enthousiasment les spectateurs. Les journaux crient au miracle. Éclaboussé par les couleurs incandescentes d’un Orient revisité, Cocteau loue les décors de Benois et Bakst, les chorégraphies de Fokine, la virtuosité des ballerines Ida Rubinstein et Tamara Karsavina. En 1910, Schéhérazade sur la musique de Rimski-Korsakov enfièvre un peu plus le public.La présence de Nijinski dont les femmes auraient voulu faire leur esclave d’amour retient Cocteau dans les coulisses. Comprenant qu’il doit travailler avec les ensorceleurs, Cocteau tente de s’attirer les grâces de Diaghilev qui lui ordonne de l’étonner… « Dès cette minute, je décidai de mourir et de revivre » avouera le poète !
Jean Cocteau and the Ballet Russe partie 1 et 2 :
Après la magie de l’écriture, la tirade du Sphinx dans La Machine Infernale de Jean Cocteau qu’elle nous a donné hier, Eva nous offre la magie de la voix. Nous n’allons plus lire le texte, nous allons écouter Eva en regardant le sublime Sphinx de Franz von Stuck qu’elle a choisi pour nous.
Cliquez ci-dessous :
Audio by copyright Boutique Jean Cocteau.
Le Sphinx de Franz von Stuck.
J’ai recopié ce texte dans mon carnet (quel étrange et merveilleux plaisir parfois que de recopier un beau texte) C’est une tirade du Sphinx dans la Machine infernale de Jean Cocteau, je l’avais souvent répété dans mon cours d’art dramatique.
(Eva Green, novembre 2019)
Le Sphinx :
Inutile de fermer les yeux, de détourner la tête. Car ce n’est ni par le chant, ni par le regard que j’opère. Mais, plus adroit qu’un aveugle, plus rapide que le filet des gladiateurs, plus subtil que la foudre, plus raide qu’un cocher, plus lourd qu’une vache, plus sage qu’un élève tirant la langue sur des chiffres, plus gréé, plus voilé, plus ancré, plus bercé qu’un navire, plus incorruptible qu’un juge, plus vorace que les insectes, plus sanguinaire que les oiseaux, plus nocturne qu’un œuf, plus ingénieux que les bourreaux d’Asie, plus fourbe que le cœur, plus désinvolte qu’une main qui triche, plus fatal que les astres, plus attentif que le serpent qui humecte sa proie de salive ; je sécrète, je tire de moi, je lâche, je dévide, je déroule, j’enroule de telle sorte qu’il me suffira de vouloir ces nœuds pour les faire et d’y penser pour les tendre ou pour les détendre ; si mince qu’il t’échappe, si souple que tu t’imagineras être victime de quelque poison, si dur qu’une maladresse de ma part t’amputerait, si tendu qu’un archet obtiendrait entre nous une plainte céleste ; bouclé comme la mer, la colonne, la rose, musclé comme la pieuvre, machiné comme les décors du rêve, invisible surtout, invisible et majestueux comme la circulation du sang des statues, un fil qui te ligote avec la volubilité des arabesques folles du miel qui tombe sur du miel.
Photo by copyright boutiquejeancocteau.com
Lien du carnet :https://boutiquejeancocteau.com/fr/papeterie/40-carnet-noir-orphee.html
En 1934, Jean Cocteau fait la connaissance de Louise de Vilmorin qui vient de publier son premier roman Sainte-Unefois. « Je me trouvais donc en face d’une grande jeune femme, d’une grande jeune fille ravissante, avec une voix grave et des gestes dégingandés de collégien, un rire qui fronce le nez et retrousse une lèvre cruelle sur des dents qui miroitent, une simplicité parfaite, confiante, inculte… et du génie ». Louise est élégante, mondaine, brillante, intelligente. Sa vie est en adéquation avec son tempérament romanesque. Ce qui ne peut que séduire le poète. Après deux mariages et deux divorces, elle retrouve enfin la propriété de Verrières où elle a grandi avec ses quatre frères. En continuant d’écrire des histoires dont certaines seront adaptées au cinéma, elle y reçoit de nombreux auteurs, artistes et hommes politiques. Cocteau aime séjourner dans ce lieu proche de Versailles où son hôtesse excelle à le distraire. « Nul ne peut mettre en doute que Madame de Vilmorin possède un ballon rouge qui l’enlève de terre et l’emporte ensuite où elle veut. » Au courant de tout, elle l’amuse par la singularité et la perspicacité de ses remarques. « Quand Radio Louisette fonctionne, c’est divin… Jean finit sa toilette en robe de Lanvin ! ».
Du 19 octobre 2019 au 15 mars 2020 : ne manquez pas l’exposition : Louise de Vilmorin, Une vie à l’oeuvre 1902-1969. Maison de Chateaubriand, 87 rue de Chateaubriand, 92290 Chatenay-Malabry.
La semaine dernière a débuté l’exposition Charlie Chaplin, l’homme-orchestre à la Philharmonie de Paris. A cette occasion, découvrez une rencontre sous la protection des étoiles…
En 1936, lors de son tour du monde en 80 jours, Jean Cocteau apprend avec une grande émotion que Charlie Chaplin et Colette Goddard, admirés dans Les temps modernes, font partie des passagers du paquebot Kashima Maru qui navigue en direction du Japon. Rapidement, il fait porter au réalisateur – dont il aime passionnément tous les films – une lettre afin de faire sa connaissance. Ne parlant pas le même langage, ils vont communiquer par mimiques et gestuelle. «On imagine la pureté, la violence, la fraîcheur de ce rendez-vous extraordinaire et ne relevant que de nos horoscopes», racontera le poète.
Photo 1 : Portrait de Charlie Chaplin par Jean Cocteau.
Photo 2 : Passagers du paquebot Kashima Maru.
Photo 3 : Charlie Chaplin, Colette Goddard, Jean Cocteau.
« J’ai grande crainte des personnes qui ne savent pas rire. J’ai toujours aimé ces fou-rires qui montrent l’âme grande ouverte. Je ferme les yeux. J’entends des fou-rires. Un arbre secoué par le rire lâche ses fruits et ses oiseaux. » Jean Cocteau.
Sur ce blog, il sera régulièrement question des amis qui auront compté dans la vie de Jean Cocteau. Commençons avec Colette puisque les Jardins de Palais-Royal viennent de donner leurs noms à deux allées.
Jean Cocteau a rencontré Colette au Palais de Glace, quand elle y patinait avec son mari Willy et Polaire. En dépit de leur différence d’âge, ils ne se sont jamais perdus de vue. Leurs installations respectives au Palais Royal ont consolidé leurs liens. Durant les années 40 et 50, ils se rencontrent au Grand Véfour où ils ont leurs tables, à l’ombre des tilleuls, au bord du bassin. Ayant écrit tous les deux des oeuvres majeures, ils connaissent le prix de la solitude et d’un travail soutenu. « Je n’en profite pas pour l’envahir à toute heure, raconte Colette. Mais ses travaux variés rendent jalouse une gratteuse de papier et il y a de quoi ! » A son tour, il décrit son illustre voisine : « Je la distingue à peine. C’est une grosse mouche dorée qui se chauffe au soleil. » Ainsi, ils se guetteront, se rendront visite, évoqueront leurs chats, participeront ensemble à des enregistrements radiophoniques. « Nous n’avons jamais eu besoin de beaucoup de paroles, avoue-t-elle dans une lettre. Rien ne t’échappe de ce qui m’attache à toi, mon jeune frère qui en tout es mon aîné, magiquement. » A la mort de son amie, Cocteau constate : « Bien sûr que mon Palais-Royal sans elle, ce n’est plus mon Palais-Royal ! Il ajoute : « Elle a quitté son corps comme une chatte. Et c’est comme une chatte qu’elle me rendra visite. Sans ouvrir les portes ». Etrange coïncidence : à l’Académie Royale de Belgique, il occupera le fauteuil de cette femme glorieuse, vulnérable, toujours attachante qui l’avait félicité de ne connaître « ni domaines interdits ni routes brouillées ni seuils effacés ».
Le Centre des monuments nationaux présente « Le jardin des belles lettres » au domaine du Palais-Royal à partir du 12 février 2019. Colette (1873-1954) et Jean Cocteau (1889-1963), qui vécurent et écrivirent en ces lieux, donneront leur nom aux deux allées bordant le jardin. À cette occasion, 18 Bancs-Poèmes – Dentelles d’Eternité – réalisés par le sculpteur québécois Michel Goulet, avec la complicité de François Massut, seront installés. Leurs dossiers présenteront des citations de la romancière et des vers du poète. L’allée adjacente à la galerie de Montpensier portera désormais le nom d’Allée Cocteau. Celle qui longe la galerie de Valois sera nommée Allée Colette. Une élégante façon de rendre hommage aux deux amis qui descendaient de leurs appartements voisins pour bavarder sous les tilleuls.
http://www.domaine-palais-royal.fr/
Horaires :
D’octobre à mars ouverture de 8h à 20h30
D’avril à septembre ouverture de 8h à 22h30
Photo 1 : Serge Lido.