« Là où le silence se fait, l’arrogance se tait. Le silence est fait de paroles que l’on n’a pas dites. »
Jean Cocteau.
« Là où le silence se fait, l’arrogance se tait. Le silence est fait de paroles que l’on n’a pas dites. »
Jean Cocteau.
Les Editions Seghers ont l’excellente idée de rééditer Dentelle d’Eternité, le poème-objet que Jean Cocteau proposa à son ami Pierre Seghers en 1953. Dès le 25 novembre, vous le trouverez dans toutes les librairies.
Le Prince des poètes signe ici un texte lyrique quoique léger sur Eros et Thanatos. Il conçoit son objet comme une dentelle de papier : ses vers libres côtoient deux colonnes ajourées qui, tels les vitraux des chapelles, laissent apparaître un fond bleu profond et lumineux. Tiré à l’époque à cent dix exemplaires, dont cent sur vélin d’Arches, et découpé à la main par l’artisan Albert Jon, ce poème-objet n’a plus jamais été réédité.
Une œuvre oubliée, un Cocteau méconnu.
Près de soixante-dix ans après sa parution, Dentelle d’éternité présente des lignes pures et graphiques, élégantes et modernes. Il révèle un Cocteau méconnu et féru d’arts décoratifs. Cette nouvelle édition, revisitée sous forme de triptyque, est personnalisable comme cadeau, afin que s’enlacent pour toujours les noms des « beaux amoureux indiscrets ».
En 1889, la France s’est industrialisée. On construit des bâtiments en verre et en acier, les machines à vapeur circulent sur terre ou sur mer, l’électricité fait son apparition. L’exposition universelle, qui se déroule à Paris, permet aux visiteurs d’approcher la « modernité ». Fleuron de la manifestation, la Tour Eiffel, haute de 328 mètres, attire deux millions et demi de visiteurs. Son inauguration, le 31 mars, précède de trois mois la naissance du petit Jean Cocteau qui deviendra le plus parisien des parisiens et lui rendra hommage avec son ballet « Les Mariés de La Tour Eiffel » (1921). Cette semaine sort dans les salles de cinéma le film de Martin Bourboulon consacré à Gustave Eiffel et à la réalisation d’un monument connu dans le monde entier. L’occasion d’évoquer le lien puissant qui unissait le poète et la capitale.
SOHO HOUSE 45 rue la Bruyère
La demeure parisienne où a grandi Jean Cocteau est devenue un prestigieux hôtel. SOHO HOUSE devrait ouvrir ses portes au mois de septembre.
Doté de trente-cinq chambres, d’un patio intérieur surplombé d’une terrasse avec piscine, d’une salle de sport, d’un sauna et d’un hammam, ainsi que d’un bar et d’un restaurant SOHO HOUSE accueillera les membres de son club très privé et leurs invités. Certains auront peut-être envie de découvrir ce que son ancien et illustre occupant a vécu en ces lieux…
Au cœur du 9e arrondissement, non loin de l’église de la Trinité, Louis-Eugène et Emilie Lecomte partagent leur hôtel particulier avec leur fille Eugénie, leur gendre Georges Cocteau, ainsi que leurs trois petits-enfants Marthe, Paul et Jean. Collectionneur, Louis-Eugène possède des œuvres d’Ingres, de Delacroix, de Devéria et de Ziem. Ainsi que des terres cuites grecques qui auront une forte influence sur les créations de Jean. En attendant, il assiste aux préparatifs de sa mère avant qu’elle ne se rende à la Comédie-Française ou à l’Opéra. Admiratif et silencieux, il suit ses gestes tandis qu’elle revêt une robe cramoisie de chez Raudnitz. Puis « Maman se penchait, m’embrassait vite et partait vers l’océan de rumeurs, de bijoux, de plumes, de crânes, où elle irait se jeter comme un fleuve rouge… » (Portraits-souvenir). À partir de ces instants, il contracte « le mal rouge et or » qui le poussera à occuper les scènes théâtrales et à captiver le public avec ses propres spectacles. En attendant, il imagine des saynettes et, avec sa gouvernante, découpe des décors dans des cartonnages « On clouait, on collait, on découpait, on peignait, on inventait des systèmes de rampes à bougies et de trous de souffleur qui se rabattent. » À ces occupations s’ajoute la lecture. «Lorsque j’étais enfant, je lisais à plat ventre dans une maison qui me trouvait paresseux. Mais, à plat ventre et le nez sur un livre, l’enfant fait de grands voyages et des découvertes dont sa famille ne se doute pas.» Dans une autre confession, il déclare que Selma Lagerlöf a été son éducatrice et son livre, La légende de Gösta Berling, sa vraie famille… Il quittera la maison familiale après le décès de son grand-père en 1906. A la fin de son adolescence. Dans Opium, il se remémorera la rue La Bruyère: «J’obtins la musique du souvenir et je retrouvai tout : ma pèlerine, le cuir de ma serviette, le nom du camarade qui m’accompagnait et de nos maîtres, certaines phrases exactes que j’avais dites, la couverture marbrée de mon carnet de notes, le timbre de voix de mon grand- père, l’odeur de sa barbe, les étoffes des robes de ma sœur et de maman qui recevaient le mardi »…
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Photos : SOHO HOUSE
Comme de nombreux parisiens, Jean Cocteau a découvert Josephine Baker sur
la scène du Théâtre des Champs Elysées en 1925. Conquis par sa beauté, sa
modernité, sa grâce et son talent, il l’a rapidement côtoyée dans les cafés de
Montparnasse et au Boeuf sur le Toit. Lorsqu’elle a enregitré un disque
« Josephine chante Paris », il a écrit au dos de la pochette :
« La bonté n’est plus de mode ; elle passe pour de la faiblesse. Or j’admire cette
force du coeur, avant tout autre. La bonté de JOSEPHINE rayonne, blanche,
autour d’elle ; aussi visible que les plumages multicolores qui l’ornent et
semblent appartenir à son corps d’animal fabuleux. Une panthère, un oiseau-lyre
et la grâce d’un ange : voilà bien des titres à l’affectueuse gratitude d’une France
fière de son antiracisme. »
Dessins : Josephine Baker par Jean Cocteau.
Jean Cocteau voulait qu’elle ait un visage très lisse avec une poudre blanche pour son rôle de la Princesse dans « Orphée ». Cette femme au physique extraordinaire, à la beauté ravageuse, à la silhouette inouïe, était incroyablement énigmatique. Cocteau racontait qu’il ne lui a pas toujours dit ce qu’elle incarnait pour qu’elle l’apprenne peu à peu. Elle ne pouvait pas être mieux choisie pour ce rôle. Personne n’aurait pu mieux incarner la princesse. Ils avaient cette liberté absolue de faire ce qu’ils voulaient comme ils voulaient. Maria Casarès comprenait son âme poétique.
Dominique Marny interview pour France Culture : une vie, une oeuvre. 9-02-2019
Photo 1 & 3 : Maria Casarès dans le film Orphée.
Photo 2 : Maria Casarès et Jean Marais dans le film Orphée
« On ferme les yeux des morts avec douceur ; c’est aussi avec douceur qu’il faut ouvrir les yeux des vivants. »
Art of Style Jean Cocteau
Le travail multiforme de l’artiste français Jean Cocteau à travers la poésie, les pièces de théâtre, la peinture et le cinéma a fait de lui l’une des principales figures créatives du mouvement d’avant-garde parisien. Avec en voix off, Timothée Chalamet. Réalisé par Lisa Immordino Vreeland.
Jean Cocteau aimait la modernité. Il en a été l’un des principaux défenseurs. Il aimait aussi la jeunesse, l’audace, la prise de risque, le talent. Il a toujours soutenu les précurseurs qui bousculaient les habitudes et l’ennui. A une époque où tout va très vite, où tout meurt avant d’avoir éclos, il est important de montrer combien il a su maintenir « sa ligne ». Franc-tireur, il allait où personne ne l’attendait. Cette liberté, cette indépendance, lui permettent, soixante ans après son décès, de rester au centre des mondes littéraire, artistique et cinématographique.
Ce qui incite le Comité Cocteau et sa présidente, Dominique Marny, à vouloir le faire connaître des nouvelles générations en se tournant vers de jeunes et talentueux créateurs. Parmi ceux-ci, Atelier Paulin s’est imposé. Ses deux co-fondateurs, Anne Sophie Baillet et Mathias Lavaux, apprécient depuis longtemps l’oeuvre de « l’inconnu célèbre » et, sur leurs bjoux, tracent au fil d’or des mots qui font rêver ou se remémorer.
De plusieurs rendez-vous est née une collaboration Jean Cocteau et Atelier Paulin. La collection « Rencontres imaginaires » offre les symboles chers au poète : l’étoile, l’ange, le profil d’Orphée, le serpent… Ainsi que des phrases choisies dans ses textes : La Voix humaine, LeMystère de Jean L’Oiseleur ou Opium. Déclinés en coliers, bracelets, boucles d’oreilles, ces bijoux façonnés par les doigts habiles des artisans d’Atelier Paulin perpétuent l’esprit de celui qui répétait « Mon oeuvre est difficile à ramasser ».
Il faut préciser que Cocteau a lui-même imaginé des bijoux pour Elsa Schiaparelli, Marie-Madeleine Jolly, Fred Samuel, Jean Vendome et François Hugo. Aujourd’hui la relève est assurée. L’artiste inspire celles et ceux qui le comprennent et l’accompagnent quand il déclare : « Je sais que la poésie est indispensable, mais je ne sais pas à quoi elle sert ». Une phrase que l’on pourrait tracer au fil d’or !
https://www.atelierpaulin.com/fr/227-collection-jean-cocteau