Jean Cocteau avait l’habitude d’envoyer à sa mère, pour Noël, un dessin accompagné d’un acrostiche. Ce petit chevalier est un clin d’œil à son projet de pièce : « Les Chevaliers de la Table Ronde »
Dior, ce génie léger propre à notre temps et dont le nom magique comporte Dieu et or ! disait Jean Cocteau du couturier. Les deux hommes se sont connus à l’époque où Christian Dior exposait des artistes de grande renommée dans sa galerie parisienne. Ils ne se sont jamais perdus de vue. Dès 1947, le poète assista aux défilés de son ami qui, devenu couturier, connut rapidement le succès.
En 1999, John Galliano – directeur artistique de la Maison Dior – a voulu rendre hommage à leur estime mutuelle en créant trois robes d’inspiration Cocteau.
Les trois robes Cocteau – collection Christian Dior printemps-été 1999 – John Galliano.
Cet aveu de Jean Cocteau est devenu l’un des préceptes d’un autre artiste, Xavier Dolan. « Il est le créateur qui m’accompagne depuis le plus longtemps. Chez lui, j’aime tout : la liberté, la naïveté, la franchise, la poésie, le romantisme. Je me suis fait tatouer deux de ses devises sur la peau : “L’œuvre est une sueur” et “A l’impossible, je suis tenu”.
A un siècle d’intervalle, ces deux enfants terribles partagent de nombreuses similitudes : anticonformisme, flair pour dénicher les talents, intuition, besoin de se mettre en danger…
A-t-on le droit de penser que, s’ils se croisaient aujourd’hui, le poète verrait le jeune réalisateur comme un nouveau Radiguet qui aurait eu la vie devant lui ? Un début de carrière fulgurant à vingt ans, des oeuvres d’une grande maturité et d’une totale maîtrise, un indiscutable talent, le désir d’être où on ne l’attend pas… Sans doute aurait-il aimé et admiré Les amours imaginaires, Laurence anyways, Tom à la ferme, Mommy et Juste la fin du monde !
http://www.xavierdolan.com
Domino Eloudy a réalisé un documentaire sur le sculpteur Auguste Bartholdi. Elle a commencé sa carrière professionnelle à Colmar où elle était directrice de la radio NRJ. Après une formation de production audiovisuelle, elle intègre l’émission de Michel Field, « Field dans ta chambre », puis elle travaille pour « Ça balance à Paris ». Elle se tourne ensuite vers la production de documentaires et de reportages.
Elle vient de terminer un film, Jean Cocteau : les constellations du prince, que vous pourrez découvrir le 18 décembre sur la chaîne Histoire.
Le blog a voulu en savoir davantage…
Quelle est votre relation personnelle avec Jean Cocteau et pourquoi avez vous eu envie de faire ce film ?
Dans le salon de mes parents j’ai le souvenir, adolescente, d’avoir admiré un plateau en argent de la maison Christofle sur lequel était reproduit un dessin de Jean Cocteau …Aujourd’hui d’ailleurs ma sœur possède toujours ce plateau, c’est mon premier contact avec une de ses œuvres. Plus tard il y a eu bien sûr, la Belle et la Bête entre autres.
La chaine Histoire, pour laquelle j’ai déjà réalisé plusieurs documentaires, m’a sollicitée alors qu’elle recherchait un réalisateur proposant un portrait de Cocteau un peu différent. Aborder un personnage au travers de sa constellation personnelle étant ce qui me passionne, la recherche de la chaîne est entrée en résonnance avec mon envie de réaliser un portrait de Cocteau en s’intéressant à son entourage.
Pourquoi ce titre ?
Parce qu’il était un Prince, parce qu’il était au centre d’une galaxie de gens passionnants et étranges, l’idée de constellation s’est imposée et aussi parce qu’il signait ses œuvres avec une étoile, pas toujours la même.
Avez-vous trouvé nécessaire de suivre un ordre chronologique ou avez-vous fait l’école buissonnière au milieu d’une œuvre qu’il disait « difficile à ramasser » ?
Justement, son œuvre est tellement « difficile à ramasser » qu’il m’a semblé logique de respecter un ordre chronologique pour ne pas m’y perdre et surtout pour ne pas risquer de faire perdre le fil d’une vie aussi riche aux spectateurs.
Pensez vous apporter un nouvel éclairage sur ce poète que l’on a qualifié à tort de dilettante ou de touche-à-tout ?
Je n’ai pas cette prétention, j’espère juste apporter un bon éclairage, une lumière qui donne envie à ceux qui vont regarder mon documentaire d’aller se replonger dans l’œuvre de Cocteau pour y redécouvrir comme moi, de nouvelles sources d’émerveillement.
Etait-ce important pour vous d’interviewer la jeune génération et pourquoi ? Oui c’était même primordial, car Jean Cocteau comme on peut le voir dans le documentaire, aimait à s’entourer de jeunes gens talentueux. Il est en plus tellement moderne qu’il me paraissait important de donner la parole à une nouvelle génération qui s’intéresse à son œuvre.
Quelle question ne vous ai-je pas posée, à laquelle vous aimeriez répondre ?
« Est-ce que ce film a changé quelque chose pour vous ? » Et je pourrais vous répondre qu’il m’a permis de « libérer » mes envies d’originalité au niveau du graphisme notamment. Qui d’autre que Cocteau pouvait m’offrir la liberté de composer un générique où se croisent une licorne, un cerf, une soucoupe volante, une chouette, la lune ou encore une constellation zodiacale ?
https://www.histoire.fr
En regardant Les Ailes du désir de Wim Wenders, je n’ai pu m’empêcher de penser à un autre amateur d’intermédiaires célestes…
En 1925, alors qu’il rend visite à Picasso, rue La Boétie, Cocteau remarque une plaque dans l’ascenseur portant le nom du fabricant : Heurtebise. Ainsi s’appellera la créature ailée qui, surgie de son imagination, lui inspirera un long poème : L’Ange Heurtebise. Il lui faudra sept jours pour expulser ce « bloc d’invisibilité » qui le malmène.
En 1987, A Berlin, les anges Cassiel et Damiel veillent sur les humains. Depuis des siècles, ils écoutent leurs pensées, leur quête de sens et de beauté… Les Ailes du désir est un film infiniment poétique et original, marqué par la grâce, la mélancolie et un désir d’amour universel.
A soixante-deux ans d’intervalle, ces artistes nous démontrent combien les anges les ont aidés à descendre au plus profond de leur inconcient afin de nous donner des créations intemporelles et d’intenses émotions. Grâce à eux, « nous savons maintenant ce qu’aucun ange ne sait… »
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19505478&cfilm=2682.html
En 1959, Jean Cocteau s’installe à Baumanière pour tourner Le Testament d’Orphée dans les carrières des Baux de Provence.
Formant une trilogie avec Le sang d’un poète et Orphée, ce film propose de découvrir la mythologie du poète qui, en jouant son propre rôle, croise les personnages qui ont hanté son œuvre : Cégeste (Édouard Dermit), Œdipe (Jean Marais), Heurtebise (François Périer), la Princesse (Maria Casarès). Une pléiade d’acteurs et de célébrités font partie de la distribution : Françoise Christophe, Daniel Gélin, Yul Brynner, Pablo et Jacqueline Picasso, Luis Dominguin, Charles Azanavour, Serge Lifar…
A la fin de son séjour, il donne à Raymond Thuilier, le fondateur de l’Oustau de Baumanière, un dessin pour le remercier de son accueil. Ce présent est devenu emblématique de la maison et Brandon Dehan, le Chef pâtissier actuel, a imaginé une bûche de Noël 2018 où il a réuni le fameux profil d’Orphée et l’Etoile des Baux de Provence !
https://fr-fr.facebook.com/pages/category/Chef/Brandon-Dehan-1527991904137980/
En collaboration avec le Comité Cocteau, cette exposition se déroule autour de l’oeuvre de Jean Cocteau au CHATEAU DE BOSMELET du 23 juin au 7 octobre 2018. Vous y trouverez des dessins, photographies, éditions originales, affiches, objets, etc… Elle sera accompagnée d’évènements et de concerts. Situé en Normandie, non loin de la Côte d’Albâtre, Bosmelet est célèbre pour sa trouée verte. Dessinée il y a trois siècles par Colinet (premier jardinier de Le Nôtre), elle est bordée par la plus longue allée de tilleuls d’Europe. A l’intérieur du château, bâti en 1632, vous pourrez visiter la salle du dais, le salon d’honneur, la chambre de l’archevêque et la bibliothèque. Vous admirerez un ensemble de dessins, de costumes d’opéra, de peintures et d’éléments de décors, créés par le propriétaire Alain Germain. Cocteau et Bosmelet : Une invitation au rêve à ne surtout pas manquer !
http://bosmelet.fr
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